Menaces, pays, tendances: ce qu’il faut retenir du Global Terrorism Index 2025

L’Institute for Economics & Peace (IEP), un think tank international basé à Sydney, vient de publier l’édition 2025 de son Global Terrorism Index, construit sur la base des résultats de l’année 2024. Le Global Terrorism Index, publié depuis 2000, est un indice référence en matière de mesure du risque de terrorisme.

Le rapport annuel reprend de très nombreux éléments chiffrés et documentés, et permet de dresser un état des lieux global de la menace terroriste, mais aussi de classer les pays selon leur exposition.

Cette nouvelle publication se structure en plusieurs parties : une synthèse comprenant les chiffres clés et le classement des pays selon leur exposition au terrorisme, suivie de trois parties thématiques; une consacrée aux tendances, une spécifique à la situation au Sahel et une dernière dédiée à l’Etat Islamique.

La méthodologie de l’indice est transparente et stable depuis plusieurs années : elle consiste à calculer un indicateur prenant en compte le nombre d’attaques terroristes, mais aussi le nombre de morts, de blessés et d’otages, sur les cinq dernières années, avec des pondérations différentes.

Une situation toujours inquiétante, en particulier au Sahel

Que retenir, en quelques mots, de ce rapport plutôt dense et complet ? Déjà que la menace terroriste est restée, en 2024, à un niveau élevé : selon l’IEP, 66 pays ont été exposés à au moins une attaque terroriste l’an dernier, contre 58 l’année précédente. Dans le même temps, le nombre de morts à légèrement diminué, mais reste alarmant : le rapport recense 7555 morts dus à ces attaques en 2024.

Si l’Etat Islamique (EI) est toujours la principale menace s’agissant de terrorisme – étant responsable de 1805 morts dans 22 pays au cours de l’année – on note que plus d’un tiers des attaques ne sont pas revendiquées.

Dans le monde, la menace terroriste s’est accrue en Europe occidentale (voir ci-après), mais la région la plus exposée demeure le Sahel – qualifié d’ « épicentre mondial du terrorisme » par le rapport – au sein duquel les différents conflits armés ont causé plus de 25000 morts, parmi lesquels 3385 sont attribués au terrorisme, un chiffre dix fois supérieur à celui de 2019.

Extrait du Global Terrorsim Index 2025, Institute for Economics & Peace, page 6

Côté cartographie, le continent Africain, le Moyen-Orient, l’Asie Centrale et l’Asie du Sud sont les régions les plus exposées – ce qui se confirme niveau classement : l’indice de terrorisme, calculé via un score de 0 (pas d’impact du terrorisme) à 10 (impact très fort) classe dans les dix premières positions le Burkina Faso (score de 8.581, classé 1er, 17 des 50 attaques les plus meurtrières en 2024 ont eu lieu dans ce pays), le Pakistan et la Syrie, suivis du Mali, du Niger, du Nigeria, de la Somalie, d’Israël, de l’Afghanistan et du Cameroun (score de 6.944, 10ème). Parmi les augmentations significatives de score, on peut citer la Russie (score de 6.267, classée 16ème, en hausse de 21 places), dont la situation s’est drastiquement détériorée l’année dernière, mais aussi de l’Allemagne, premier pays européen à apparaître dans le classement (score de 4.748, soit un impact considéré comme « modéré », classé 27ème, en hausse de 13 places).

Régions, motivations, technologies : les tendances suivies de près

Si la tendance mondiale demeure inquiétante, ces chiffres masquent des situations assez hétérogènes, avec des changements importants intervenus ces dix dernières années. Ainsi, du côté des bonnes nouvelles, le rapport cite l’Irak, l’Afghanistan et la Thaïlande, au sein desquels le nombre d’attaques terroristes a diminué de manière très importante. De fait, l’IEP indique qu’au cours des deux dernières décennies, le foyer du terrorisme mondial s’est déplacé du Moyen-Orient vers le Sahel.

Parmi les menaces identifiées, le rapport alerte sur l’augmentation significative des crimes de haines et des attaques antisémites en Europe, aux Etats-Unis et en Australie. En occident, si le nombre d’attaques est resté élevé, leurs motivations ont changé. Le nombre d’attaques liées à des mouvements religieux a largement diminué, tandis que la part d’actions violentes issues de mouvements politiques assimilés à l’extrême droite a augmenté : en Amérique du Nord, elles représentent environ 70% des attaques.

Le rapport met enfin en perspective les nouvelles technologies et le terrorisme. L’IA est notamment mentionnée sous deux facettes : elle peut être utilisée par les réseaux terroristes, en particulier à des fins de propagande et de communication, mais pourrait aussi constituer une opportunité en matière de détection des risques.

 

Le rapport, de même que le classement et les cartes de l’indice, est accessible, en anglais, depuis le site internet de l’organisation.

Pour plus d’informations sur le terrorisme et les risques de financement du terrorisme, vous pouvez aussi consulter le dossier dédié que nous avions publié en 2023.

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