Forum Tracfin 2024: retour sur la deuxième grand-messe des professionnels déclarants

Tracfin organisait ce mardi 10 décembre la deuxième édition de son Forum, au ministère de l’Economie. Un échange avec les professionnels assujettis débuté en 2023, sous l’impulsion de précédent directeur, Guillaume Valette-Valla et devenu un rendez-vous annuel, ouvert cette année par Antoine Magnant, nommé directeur en mars dernier.

Au travers de ces rencontres avec les déclarants, la cellule de renseignement financier (CRF) française souhaite remplir un double objectif : d’une part communiquer sur ses travaux, ses priorités, les tendances et les menaces, et d’autre part proposer une plateforme d’échange entre les différents secteurs assujettis, afin de favoriser les relations entre les professionnels concernés et de mettre en lumière les bonnes pratiques.

Pour cette deuxième édition, près de 400 personnes étaient présentes, issues de tous les secteurs soumis à la règlementation LCB-FT : représentants des banques et des assurances, mais aussi professionnels des solutions de paiement, fintechs, avocats ou encore notaires.

« Les grands trafiquants sont d’abord des chefs d’entreprise »

Le forum s’est ouvert par des discours d’Antoine Magnant et de Laurent Nuñez, actuel préfet de Police de Paris. A suivi un échange puis une table ronde dédiée à la lutte contre les stupéfiants, incluant notamment Sebastien Tiran, Directeur de la DNRED, et Philippe de Koster, Président de la CTIF, la CRF belge. Une volonté de souligner que la lutte contre le narcotrafic et la coordination européenne sur ce sujet constituent une priorité gouvernementale, quelques mois après la publication d’un rapport d’enquête sénatoriale assez critique sur ce sujet.

Antoine Magnant, directeur de Tracfin, lors de l’ouverture du forum

Laurent Nuñez a surtout souligné le renforcement du dispositif répressif et judiciaire et l’amélioration de la coordination entre les différents services d’enquête et de renseignement, tandis qu’Antoine Magnant insistait sur le caractère de plus en plus sophistiqué des réseaux criminels organisés. A la tête de ces réseaux, des grands trafiquants, présentés comme «des chefs d’entreprise» par le directeur de Tracfin, capables de tisser des liens entre des sociétés fictives, l’émission de fausses factures, des pratiques plus traditionnelles comme l’hawala et l’intégration de cryptoactifs. Autant de pratiques permettant d’opacifier les transactions et de blanchir le produit de la vente de stupéfiants.

Pour contrer ces mécanismes de blanchiment, qualifiés d’inhérents au narcotrafic, le dispositif répressif doit évidemment s’améliorer, mais le rôle des professionnels déclarants apparaît aussi essentiel : la vigilance constante et la surveillance des opérations demeure la clé pour identifier des schémas suspects. On notera les réserves piquantes du Président de la CTIF belge, qui a souligné les limites du renseignement aux fins judiciaires, notamment en raison de l’obstruction de certains pays – les Emirats Arabes Unis ont été cités – et de l’absence assourdissante de la Chine au sein du groupe Egmont.

Différents crimes sous-jacents, une seule réponse : la vigilance

Outre cet échange consacré à la lutte contre le trafic, le forum prévoyait deux tables rondes supplémentaires, consacrées respectivement au blanchiment via l’immobilier et à la fraude aux aides publiques. Deux thématiques d’actualité, qui ont encore l’avantage de ne pas concerner exclusivement les secteurs financiers, et donc de sensibiliser des professions dont les dispositifs sont parfois encore peu matures. Les retours d’expérience sur les schémas de fraudes – en particulier s’agissant du dispositif «Ma Prime Rénov’» soulignaient encore et toujours la nécessité de procéder à des examens attentif des opérations – et comme prérequis de collecter des informations sur la clientèle.

Le forum s’est conclu par un discours de Laurent Saint Martin, ministre du budget convaincu par la nécessité d’améliorer les relations public/privé – soit en substance le principe de cet évènement.

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