Pandora Papers: une pièce de plus dans la machine du blanchiment international

Le 3 octobre dernier, le consortium de journalistes ICIJ a publié ses travaux faisant suite à l’analyse de données confidentielles de quatorze cabinets spécialisés dans les paradis fiscaux, et impliquant des milliers de personnes, dont 600 français, 35 chefs d’État et 130 milliardaires. Les « Pandora Papers » s’ajoutent aux Panama Papers (2016), aux FinCEN Files (2020), mais surtout à de nombreux « leaks » ayant été révélés ces dix dernières années.

Le signe d’un accroissement des fraudes financières internationales ? Pas nécessairement. On peut considérer que le fait que ces châteaux de cartes s’écroulent est au contraire la preuve que d’anciens schémas complexes sont progressivement révélés, et que l’on se dirige vers une situation plus transparente. Ou que les progrès récents en matière de lutte contre le blanchiment et contre la fraude fiscale ont porté leurs fruits, si bien que les fraudeurs – qui ont toujours existé – n’ont d’autres choix que de se lancer dans les mécanismes de plus en plus opaques, de plus en plus internationalisés, et donc de plus en plus risqués, pour échapper à leurs obligations.

On peut aussi regretter le manque de bonne volonté de plusieurs centres offshore. Certains connus de longue date – ceux dans les caraïbes notamment – d’autres plus récents : Dubaï, Singapour, mais aussi certains petits états américains.

Il est certainement trop tôt pour tirer de l’enquête de l’ICIJ des conclusions en termes de LCB-FT. Le recours à des systèmes offshores pour procéder à de la fraude fiscale et du blanchiment n’est pas un risque nouvellement identifié, et il n’est pas surprenant que son ampleur soit sous-estimée. Il serait également excessif de conclure de ces affaires que la réglementation contre la criminalité financière, notamment en Europe, est inefficace. Elle trace en revanche clairement les perspectives de progression. Et remet le sujet sous le feu des projecteurs médiatiques, ce qui n’est jamais vraiment une mauvaise chose.

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