La MIVILUDES publie son rapport d’activité

Le 22 juillet dernier, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) a publié son rapport d’activité, portant sur les années 2018 à 2020.

La MIVILUDES est un organisme de l’État français, crée en 2002 et rattaché depuis 2020 au ministère de l’Intérieur. Elle observe et analyse le phénomène sectaire en France, et intervient sur les volets préventifs et répressifs à l’encontre des dérives sectaires. Elle joue également un rôle d’information et de sensibilisation du public. Il est possible pour n’importe quel particulier de saisir la Mission en utilisant un formulaire en ligne.

La MIVILUDES est particulièrement attentive aux secteurs et professions présentant des risques de dérive sectaire, susceptibles d’impliquer des situations de privation du libre arbitre, d’exploitation des personnes vulnérables, et bien entendu d’exigences financières à l’encontre des victimes. Aussi, le rapport de la Mission est particulièrement intéressant pour identifier des professions représentants des risques en termes de blanchiment et de financement d’activités illégales. Avec une vigilance accrue, les établissements financiers peuvent également identifier des personnes en situation d’exploitation financière.

Un nombre de saisines en augmentation

Une grande partie du rapport est consacrée à l’observation des risques sectaires en France ces trois dernières années. La Mission est capable de mesurer l’évolution de ces risques en analysant le nombre et la typologie des saisines dont elle est destinataire. Sur les quelques 3000 saisines reçues annuellement (chiffre en augmentation de 40% depuis 2015), le premier secteur d’exposition demeure celui de la santé et de la médecine alternative et non-conventionnelle. Cela était déjà le cas dans le rapport précédent de la Mission, publié en 2017.

Graphique MIVILUDES.PNG

Le rapport présente différents sujets d’inquiétudes exprimés dans les saisines reçues, notamment concernant les régimes alimentaires extrêmes, les secteurs du coaching et développement personnel, certaines communautés religieuses, ou des pédagogies alternatives à destination des enfants.

Le faux trading et la vente multi-niveaux: un risque grandissant

Dans le rapport, un nouveau type de risque est identifié, et fait l’objet d’un focus spécifique (pages 92 à 96) : il s’agit de la vente multi-niveaux, qui s’est beaucoup développée ces dernières années, en particulier auprès des (très) jeunes.

Il apparaît en effet que plusieurs sociétés internationales ont ciblé, ces deux dernières années, la tranche d’âge spécifique des 18-25 ans, notamment via des vidéos virales partagées sur les réseaux sociaux. Prétendant initier au trading et promettant un enrichissement rapide, ces réseaux incitent leurs victimes à « recruter » davantage de membres, en usant de techniques de manipulations variées. Par ailleurs, ces sociétés prennent la forme d’un système de vente pyramidale, incitant leurs membres à acheter différents produits, adhérer à des programmes de formations et surtout parrainer d’autres membres.  Les préjudices financiers sur les victimes de ces réseaux peuvent être très importants, de même que les conséquences psychologiques et les ruptures avec leurs proches.

En 2020, 120 saisines relatives à ces réseaux de ventes multi-niveaux ont été recensées par la MIVILUDES, soit deux fois plus que l’année précédente.

 

Afin de limiter l’influence de ce secteur, il conviendrait d’accroître le rôle des régulateurs en la matière. Le rapport fait en ce sens mention d’un partenariat entre la MIVILUDES et l’Autorité des Marchés Financiers. Par ailleurs, pour ce risque en particulier, il serait envisageable d’exiger des établissements financiers une vigilance accrue sur les comptes des sociétés concernées.

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