Dans quelle mesure le Hamas a-t-il été financé par des cryptoactifs?

La série d’attaques terroristes coordonnées menées par le Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël a nécessité des moyens importants, aussi bien d’un point de vue organisationnel (préparation, coordination, communication, etc.) que matériel (armement, munitions, véhicules, etc.). Selon nos estimations, le seul coût des roquettes tirées ce jour-là pourrait avoisiner les dix millions de dollars. Ces coûts importants interrogent sur la capacité du Hamas à se financer et sur les modalités de ce financement.

Plusieurs articles publiés dans la presse généraliste (notamment dans Le Figaro et dans Les Echos) ont souligné le potentiel rôle des cryptoactifs comme source de financement des attaques du 7 octobre. Nous vous proposons de faire le point sur les informations qui semblent se dégager à ce sujet.

 

1. Des cryptoactifs ont bien financé les mouvements terroristes palestiniens

Ces dernières semaines, différentes personnes – notamment les services israéliens et des journalistes spécialisés – ont conduit plusieurs analyses sur des flux de cryptoactifs à destination du Hamas. L’utilisation d’outils d’analyse transactionnelle a permis de confirmer des flux importants en provenance de plusieurs plateformes d’échange de cryptos, dont Binance, la plus importante en la matière. Ces deux dernières années, ces flux auraient représenté plusieurs dizaines de millions de dollars pour le Hamas, le Jihad islamiste et le Hezbollah libanais. Il n’est pas possible de faire de lien direct entre ces fonds et les attaques du 7 octobre, mais ces apports ont assurément constitué des ressources importantes pour le renforcement des capacités militaires des organisations terroristes palestiniennes. On peut cependant noter que cette source de financement n’est pas une surprise, dans la mesure où le Hamas avait sollicité, il y a plusieurs années déjà, des dons en cryptoactifs.

2. Des flux importants de cryptoactifs ont transité par une plateforme Russe

Plusieurs millions de dollars de cryptoactifs à destination du Hamas auraient transité par Garantex, une plateforme d’échange basée en Russie. Rien ne permet cependant de dire que ces fonds avaient pour origine l’État russe.

Plus largement, l’origine des fonds en cryptos n’a pas pu être identifiée du fait du recours à plusieurs adresses transitoires et à des technologies de mixing opacifiant la traçabilité des opérations.   

3. Des cryptoactifs ont été saisis par Israël

Ces dernières années et plus encore à la suite des attaques du 7 octobre, l’État hébreu a demandé la saisie de plusieurs comptes appartenant ou liés au Hamas et au Hezbollah. D’après le Wall Street Journal, cela concernerait notamment 67 comptes enregistrés sur Binance. Au total, Israël aurait saisi près de 200 comptes sur différentes plateformes de cryptoactifs.

4. Une source de financement qui reste secondaire

Si les flux en cryptos ont représenté ces dernières années des volumes importants de financement pour le Hamas, il convient de rappeler que l’organisation terroriste palestinienne dispose de nombreuses autres sources de revenus. On évoquera notamment le détournement d’organisation caritatives – par exemple via des campagnes de financement participatif, une situation citée dans le dernier rapport du GAFI sur le sujet – des transferts de cash directs à Gaza – notamment liés au commerce de métaux précieux – et surtout des dons de nations partenaires. Sur ce dernier point, l’Iran et la Qatar se sont montrés particulièrement actifs : ces deux pays auraient contribué à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars ces dernières années.

Au-delà de la saisie d’avoirs en cryptoactifs, des comptes bancaires liés au Hamas ont également été gelés.

Enfin, preuve que les apports en cryptos sont considérés comme relativement secondaires pour le Hamas, ce dernier a demandé plus tôt dans l’année vouloir cesser de recevoir des dons sous cette forme, notamment parce qu’ils sont considérés comme plus traçables que le cash.

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